La pêche à pied

Une activité vieille comme le monde

Comme leur nom l’indique, les chasseurs-cueilleurs du bord de mer chassaient (pêchaient) des poissons et cueillaient (ramassaient) crustacés et coquillages. Donc, on peut penser que les humains pratiquaient la pêche à pied, il y a déjà plus de 3 millions d’années.
En Europe, l’homme de Néanderthal est apparu, il y a au moins 450.000 ans. Les populations de bord de mer péchaient coquillages et crustacés et chassaient des animaux marins tels que le dauphin ou le phoque.
Il y a 45.000 ans, Homo sapiens, notre ancêtre, est arrivé en Europe. C’est un peuple nomade qui se déplace en fonction du climat et de la nourriture. Il y a environ 10.000 ans, les groupes humains commencent à cultiver des plantes et à élever des animaux, les peuples ne se déplacent plus : on dit qu’ils se sédentarisent. Des fouilles ont trouvé des montagnes de coquilles qui prouvent la consommation de moules, d’huitres ou de bigorneaux. Mais les coquillages servent aussi de parures et d’outils, et même de monnaie d’échange.
A l’antiquité grecque, les fruits de mer sont très appréciés et un mollusque, le murex, est utilisé pour fabriquer la pourpre, une teinture de couleur rouge violacé. Cette teinture, très chère à fabriquer, était réservé aux personnages puissants. Les Romains étaient de grands mangeurs de coquillages, crus ou cuits, qui étaient ramassés ou cultivés. Nos ancêtres les Gaulois élevaient des huîtres, d’une manière semblable à nos ostréiculteurs (éleveurs d’huîtres) d’aujourd’hui.
Au moyen âge, les invasions des Vikings font fuir les gens du bord de mer.
La vie maritime reprend ensuite, mais les rivages et les eaux du bord de mer appartiennent aux seigneurs, nobles ou ecclésiastiques. Les pêcheurs exploitent une partie du rivage, à charge de donner une partie de leur pêche au seigneur.
Depuis 300 ans, on pêche les crevettes avec un grand filet accroché à un manche de bois qu’on pousse entre les roches, dans les herbiers ou sur le bord de la mer.

L’estran

L’estran correspond à la zone frontière entre la terre et la mer. L’estran est la zone qui est recouverte à marée haute et découverte à marée basse.
Au dessus de l’estran, c’est une zone qui n’est jamais aspergé sauf par de fortes vagues. Il n’y a pas beaucoup d’animaux marins qui y vivent. Il y a aussi peu de plantes, en dehors des mousses et des lichens.
En dessous de l’estran, c’est une zone qui n’est jamais découverte, on ne peut donc pas y pratiquer la pêche à pied.
L’estran lui-même est divisé en trois parties :
– la zone qui n’est recouverte qu’à l’occasion des marées hautes des grandes marées, donc seulement deux périodes par mois ; on y trouve surtout des balanes, de petits crustacés fixés (ressemblant à des coquillages).
– la zone qui se découvre et se recouvre à chaque marée ; les animaux et les algues qui y sont présents doivent supporter de vivre une partie du temps hors de l’eau et des températures très variables ; c’est la zone des algues brunes et rouges, des moules et des pouce-pieds.
– la zone qui n’est découverte qu’à l’occasion des marées basses des grandes marées; y vivent des algues laminaires, des anémones et des oursins qui ne supportent pas de longues expositions à l’air.
En gros, il y a trois sorte de littoral : les rochers, les plages et les estuaires des rivières. La pêche à pied y est très différente.

L’estran rocheux

L’estran rocheux est la partie des rochers qui apparaissent à marée basse. Les rochers et les algues qui y poussent offrent de nombreux abris. Les animaux marins s’y cachent et restent dans un milieu humide et frais à marée basse.
Les bigorneaux se trouvent sous les algues ou dans les flaques où se nichent aussi les crevettes. Les tourteaux et les étrilles se cachent sous les pierres ou dans les failles des roches. Aux grandes marées, on peut avoir accès à des zones où on retrouve les espèces précédentes mais aussi l’oursin, le homard, l’araignée et même des congres – attention aux piquants, aux pinces et aux dents pointues.

L’estran sableux

L’estran sableux est la partie de la plage qui se découvre à marée basse. Il est plus facile d’accès et abrite de nombreux coquillages et poissons. Selon les plages, on y trouve des palourdes, des flions (pignons), des praires, des couteaux et bien d’autres. En poussant une bichette (une épuisette avec un morceau de bois), on peut capturer des crevettes grises ou des petits poissons plats comme la sole ou la limande. Les arrivées de ruisseaux sont souvent de bons coins, mais ce sont des endroits qui peuvent être insalubres : les humains et les industries rejettent n’importe quoi dans les cours d’eaux. La pêche est alors interdite ou seulement tolérée en cuisant le produit de la pêche.

L’estran vaseux

L’embouchure des rivières – là où elles se jettent dans la mer – s’appelle un estuaire. C’est une zone de transition entre l’eau douce et l’eau salée qui est souvent vaseuse. On y trouve des dépôts d’argile, des débris de matières organiques qui peuvent ne pas sentir très bon ! On y trouve des coques qu’il faut laisser plusieurs jours dans l’eau pour qu’elles perdent leur goût de vase. Les pécheurs à la ligne viennent y ramasser des vers très appréciés des poissons.
Il faut s’équiper de grandes bottes ou ne pas avoir peur d’y aller pieds nus, car on y perd facilement ses chaussures. Là aussi, il faut se méfier de la pollution : l’agriculture et l’industrie produisent beaucoup de rejets toxiques qui tuent certaines espèces et en empoisonnent d’autres. Les coquillages filtreurs, qui se nourrissent en retenant les microalgues en suspension dans l’eau, peuvent être empoisonnés et dangereux s’ils sont consommés, même cuits.

Les coquillages

Le bigorneau

Quand on est bredouille – quand on a rien pêché – heureusement il reste la pêche aux bigorneaux. On le trouve partout dans l’estran et il est facile à pêcher.

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Littorina littorea. J’ai une coquille en spirale de couleur sombre. Je suis un escargot de mer, donc mon corps est mou et je le cache dans ma coquille qui est fermée par une porte ronde et noire : l’opercule. Je mesure 1 à 2 cm, quelquefois 3 cm. Si je sors, tu verras mes antennes, mes yeux et mon pied qui me permet de me déplacer.
Ne me confond pas avec mes cousines, les littorines qui sont plus colorées : bleues, verte ou jaune. Et ne me prends pas pour une gibule qui a de la nacre à l’intérieur : elles sont jolies mais elles ne sont pas bonnes à manger.

Que fais-je ?
Je vis un peu partout mais je reste dans l’estran : il me faut de l’eau. Je me déplace lentement sur mon pied et je broute les algues vertes et brunes. Si je m’arrête, je reste collé au rocher ou bien je ferme mon opercule. Je suis soit un bigorneau mâle, soit un bigorneau femelle. Pour avoir des petits, je m’accouple avec un bigorneau de l’autre sexe. Après la fécondation, la femelle pond des œufs dans la mer. Au bout d’une semaine, l’œuf devient une larve très petite. Au bout de 4 à 6 semaines, je suis un tout petit bigorneau de 0,5 mm. Quand ma maison devient trop petite, je l’agrandis en continuant et en renforçant la spirale. Mais il me faut du calcaire que je trouve dans la mer. A cause du gaz carbonique rejeté par les activités humaines, les mers deviennent plus acides et ma maison est plus fragile car elle manque de calcaire.

Ma pêche
C’est une des pêches plus faciles : dans les flaques, sous les algues, sous les rochers; il suffit de se baisser et de me ramasser. Ne me pêche pas à la sortie des égouts, dans les ports ou les estuaires : je survis à (presque) tout mais je peux être pollué. S’il te plaît, ne me pêche pas quand je suis trop petit, je n’ai pas eu le temps de grandir et il n’y a rien à manger.
Avant de me manger, rince moi pour enlever le sable et laisse moi dégorger un peu dans l’eau salée. Une méthode pour me cuire est de démarrer dans l’eau froide, d’arrêter dès le premier bouillon et de laisser refroidir. Une autre méthode est de me plonger 10 minutes dans l’eau bouillante ou dans un court-bouillon.

Les crabes

Un arthropode, crustacé, malacostracé, décapode, brachyoure

Les biologistes ont classé les animaux en ensembles, sous-ensembles, sous-sous-ensembles … Le crabe appartient à un grand ensemble, les arthropodes. Les arthropodes sont des invertébrés : leur corps et leurs membres ne sont pas soutenus par des vertèbres mais par un squelette externe articulé, une sorte d’armure. Cette armure est faite de chitine et de carbonate de calcium.
Les insectes, les araignées sont aussi des arthropodes.
Les crustacés forment un vaste sous-ensemble de 50.000 espèces (c’est très peu comparé aux 1.300.000 espèces d’insectes). Certains crustacés sont minuscules et incroyablement nombreux, font partie du plancton marin qui est la nourriture de base de nombreux poissons et cétacés.
Pratiquement, tous les crustacés que nous consommons appartiennent au groupe des malacostracés décapodes, ce qui veut dire que ces crustacés ont dix (deca) pieds (poda). Leur tête et leur poitrine (le thorax) sont couvert d’une carapace d’un seul morceau (qu’on appelle un céphalothorax).
Les crabes sont des brachyoures (du grec brachy, court, et ura, queue). Les crabes n’ont donc pas de queue. A la différence des crevettes, langoustes et autres crustacés bien connus, les crabes ont un céphalothorax très élargi et un abdomen (le ventre) très réduit et replié contre le céphalothorax. Les crabes ont cinq paires de pattes. La première paire, appelée chélipède, a son extrémité modifiée en pince. Les pinces servent à capturer les proies, mettre la nourriture dans la bouche, creuser des terriers et se défendre.

Comment grandir dans une carapace qui ne grandit pas ?

La carapace des crabes protège leur corps mais ne grandit pas continuellement comme notre squelette. Les crabes doivent donc changer régulièrement de carapace pour pouvoir grandir. Le crabe fabrique une nouvelle carapace molle à l’intérieur de la carapace dure. Le changement de carapace s’appelle la mue.
Pour muer, le crabe cesse de manger et boit beaucoup, ce qui le fait gonfler pour faire craquer sa carapace dure. Le crabe s’extrait délicatement de la vieille carapace et continue de se gonfler d’eau pour faire grandir la nouvelle carapace molle. Quand il est mou, le crabe est en danger car sa carapace ne le protège plus. Il reste caché en attendant d’avoir durci. La carapace molle est faite de chitine et elle va durcir grâce qu calcium (comme tes os). Quelquefois, le crabe mange son ancienne carapace qui contient du calcium ! Avec l’âge, les crabes ne muent plus très souvent et ne grandissent plus.

Manger et être mangé

La bouche du crabe est une machine à déchiqueter qui d’abord arrachent les particules de nourriture, puis les triturent, puis les coupent en petits morceaux et les mastiquent. Le crabe a même des dents de chitine dans l’estomac, comme un moulin à poivre, qui broient la nourriture, même la plus dure.
Les pinces des crabes varient selon les proies qu’ils mangent. Certains crabes ont des pinces très puissantes qui peuvent casser des noix de cocos ou des coquillages. D’autres crabes ont des pinces fines et rapides qui attrapent leurs proies au vol.
Les crabes sont généralement omnivores (du grec, omni, tout, et vorare, manger), ce qui veut dire qu’ils mangent tout ce qu’ils trouvent, y compris des crabes. Les crabes peuvent être des nettoyeurs de cadavres, des gratteurs d’algues, des mineurs de sable ou des filtreurs de nourriture en suspension.
En cas de danger, les crabes sont généralement agressifs et brandissent leurs pinces, attention ! Cependant, le crabe essaiera de fuir dès que possible, soit en s’enfouissant dans le sable, ou en faisant le mort. Les crabes de l’estran, quand ils sont en danger, font des bulles qui contiennent des toxines.
Les crabes ont un moyen exceptionnel pour s’enfuir s’ils sont attrapés par une patte. Ils peuvent contracter brusquement leur patte, ce qui provoque sa coupure. L’attaquant reste avec la patte amputée et le crabe s’enfuit. Le crabe ferme la plaie avec une sorte de cloison et il va se former un bourgeon de patte (comme le bourgeon d’une branche qui contient la feuille). A la prochaine mue, une petite patte va sortir qui grandira à chaque mue, jusqu’à revenir à sa taille d’origine. Il arrive de voir un crabe avec deux pinces de taille très différentes.

Objectif : plein de bébés crabes

Les crabes femelles marins s’accouplent juste après leur mue. Elles préviennent les mâles quelques jours avant en émettant dans l’eau des phéromones, une substance chimique qui attirent et prévient les crabes mâles. Comme souvent chez les animaux, il y aura de violents affrontements entre mâles.
Quelques jours avant l’accouplement, mâle et femelle forment un couple et ne mangent plus. La femelle qui mue sera aidée par le mâle pour enlever sa carapace puis les crabes s’accouplent. Le mâle utilisent ses pattes les plus arrières pour former une sorte de tube qu’il introduit dans l’orifice génital de la femelle. Le mâle pousse alors son sperme et la femelle le stocke dans un réceptacle. Quand elle sera prête à pondre, juste après ou bien plus tard, elle prendra ce sperme pour féconder ses œufs. Les œufs pondus sont minuscules (quatre par millimètres) mais il y en a beaucoup : le crabe vert en a 200.000 et d’autres espèces des millions. La femelle porte ses œufs sous l’abdomen.
A l’éclosion, de chaque œuf sort une larve de quelques millimètres qu’on appelle zoé. Une zoé a une forme de virgule et de longues épines. Une zoé ressemble plus à une crevette qu’à un crabe, et il y a 200 ans, on pensait que c’était une espèce de crustacé. La zoé mue et re-mue et devient une mégalope, ses yeux prennent place au bout de leur pédoncule et elle a cinq paires de pattes dont deux pinces. C’est une petit crustacé vorace qui se nourrit de zooplancton et forme quelquefois des rassemblements spectaculaires. Lors de sa dernière mue, la mégapole se transforme en crabe juvénile.

Les crustacés que l’on pêche

Le bouquet

Le bouquet est délicieux, mais il faut aller le chercher à la limite de la basse mer, et en dehors des mortes-eaux.

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Palaemon serratus. Comme les crabes, je suis un malacostracé décapode, ce qui veut dire que ma tête et mon thorax (ma poitrine) sont couvert d’une carapace unique, le céphalothorax, avec cinq paires de pieds, donc 10 pattes. Mon abdomen (mon ventre) est protégé aussi par une carapace composée de plusieurs segments, portant des appendices, et un ou deux segments pour ma queue.
Ma tête est prolongée par de longues antennes rouges. Entre mes deux yeux, ma carapace se prolonge comme une sorte de corne, qu’on appelle un rostre. Les deux premières paires de patte sont des pinces, la deuxième paire de pinces est beaucoup plus forte que la première. Les trois dernières paires servent à marcher, la crevette a donc 6 pattes locomotrices. Ces dix pattes sont ornées de tâches rouges et bleues. Les segments de mon abdomen protègent mon ventre, qui est la partie que l’on mange. Chaque segment porte une paire de pattes, trois ou quatre paires servent à nager, ce sont des pattes natatoires. Chez la crevette mâle, les deux premières paires servent à la reproduction.
On m’appelle la grande crevette rose, car c’est la couleur que je prends cuite. En fait, je suis transparente avec des bandes (des stries) brun rougeâtre et des points jaunes sur ma carapace. Les bouquets adultes mesurent de 6 à 11 cm.

Que fais-je ?
Je vis dans les algues brunes ou les herbiers et jusqu’à 40 mètres de profondeur. J’aime les rochers et aussi les fonds vaseux ou sableux. Je n’aime pas les flaques, sauf si je me suis fait piégée. En hiver, je pars au large et tu ne verras pas. Je suis omnivore, je mange des débris végétaux et d’animaux morts, des petits crustacés, des vers. Je suis soit un mâle, soit une femelle. Pour avoir des petits, le mâle met son ventre près du ventre de la femelle et, grâce à des pattes spéciales, le mâle introduit sa semence dans le ventre de la femelle, dans un endroit qui la conserve appelé spermathèque. Lorsque la femelle pond, les œufs passent obligatoirement par la spermathèque et sont automatiquement fécondés. Les œufs se collent ensuite entre mes pattes de l’abdomen, on dit que je suis grainée. Je remue sans cesse mes pattes pour oxygéner mes futurs bébés. Je ponds de l’hiver jusqu’au printemps et les larves éclosent du printemps à l’été. Ces larves planctoniques sont des zoés, qui se nourrissent de minuscules algues et d’animalcules également planctoniques. Au bout de quelques jours, elles se métamorphosent à nouveau pour devenir des larves mysis. Les mysis ressemblent déjà à de minuscules crevettes et se nourrissent de plancton. Après trois à quatre jours supplémentaires, elles se métamorphosent une dernière fois en de jeunes crevettes ayant toutes les caractéristiques des adultes.

Ma pêche
En réalité, ce n’est presque jamais moi que tu pêches mais ma cousine, la petite crevette rose Palaemon elegans. Les spécialistes nous distinguent à la forme de notre rostre, le mien est plus long. Mais si le coefficient de marée est assez fort, si tu pêches en bordure de la mer ou dans de grandes mares rocheuses, tu peux m’attraper. Ma cousine ne dépasse pas 6 cm, donc au dessus de cette taille, tu as vraiment attrapé un bouquet. Il faut passer une grande épuisette sous les algues brunes, dans les failles ou entre les rochers. Certains pêcheurs posent leur épuisette à plat avec des coquillages écrasés, attendent un peu et relèvent d’un coup sec. Autant me pêcher en appâtant des balances, c’est moins fatiguant.
Si tu me pêches et que je suis grainée, remets-moi à l’eau : je vais donner naissance à des milliers de petites crevettes. Conserve-moi au frais dans un panier avec des algues ou un linge humide. Pour mon dernier bain, plonge moi dans l’eau bouillante salée ou même de l’eau de mer. Dès que l’eau recommence à frémir, je suis cuite, il faut m’égoutter et tu vas te régaler.

La petite crevette rose

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Palaemon elegans. Adulte, je ne dépasse guère les 5 à 6 cm. On m’appelle la petite crevette rose et je ressemble beaucoup à ma grande cousine, le bouquet. Je suis un peu plus blonde et mon rostre est plus petit et moins courbé.

Que fais-je ?
A la différence du bouquet, j’aime les mares peu profondes qui se forment dans l’estran. J’y trouve le même genre de nourriture, débris et petits animaux marins. Je m’adapte bien aux changements de température et d’oxygène des mares. Je me reproduis comme le bouquet. Mes bébés sont très petits et grandissent vite dans l’eau chaude des mares. Si tu ne les vois pas, mets des débris de moule et tu les verras s’approcher.

Ma pêche
Tu me pêches comme le bouquet. N’oublie pas de me remettre à l’eau si je suis grainée. Tu peux fabriquer un « casier » que tu appâtes, mets dans la mare et relève de temps en temps. Prends une bouteille d’eau en plastique et coupe le haut juste en dessous de la partie en forme d’entonnoir. Retourne la partie coupé, je vais rentrer par l’entonnoir mais j’aurai du mal à trouver la sortie dans l’autre sens. Si tu as appâté avec quelque chose que j’aime et que je suis là, attends quelques minutes et tu vas m’attraper.

Le crabe vert

Le crabe enragé ou crabe vert est l’espèce la plus commune des estrans d’Europe occidentale. C’est malheureusement une espèce invasive qui s’est implantée un peu partout dans le monde.

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Carcinus maenas. Je suis un arthropode, un animal articulé, segmenté avec un exosquelette. J’appartiens aux eumalacostracés, une sous-classe des crustacés malacostracés, ce qui veut dire mon exosquelette est en chitine et en calcium, que j’ai des appendices sur le thorax et l’abdomen. Je suis un décapode, ma tête et mon thorax sont fusionnés en un céphalothorax et j’ai cinq paires d’appendices locomoteurs, la première paire transformée en pinces.
Tout ce que je viens de dire est valable pour les crevettes, les langoustines, les langoustes et les homards. Mais je suis un crabe, donc un brachyoure, j’ai un abdomen réduit replié sous le céphalothorax.
Tu es perdue ? C’est normal. Ce sont les scientifiques qui classent les espèces comme je viens de le raconter. C’est utile pour reconnaître une espèce et savoir ce qu’elle a en commun et ce qu’elle a de différent avec d’autres espèces.
Crabe vert, étrille, tourteau et même araignée, nous sommes toutes et tous arthropode, crustacé, malacostracé, décapode, brachyoure. Donc tout ce que tu sais sur ça s’applique. Mais nous ne sommes pas dans la même famille : les tourteaux sont des Cancridae, les crabes verts des Carcinidae. Ce n’est pas la peine d’aller si loin : c’est pour cela que, plus haut, on a parlé de ce qui est commun aux crabes.
Revenons à moi, le crabe vert. En réalité, ma couleur va du vert foncé au rouge brique, en passant par le gris, quelquefois avec des tâches blanches. J’ai le bord de la carapace dentelé. En Atlantique, j’ai la carapace rugueuse. Je peux vivre plus de 5 ans et atteindre la taille respectable de 9 cm. Le plus souvent, je mesure de 3 à 6 cm. Pour grandir, je dois muer chaque année.

Que fais-je ?
Je vis partout : vase, sable, rocher, … Je supporte les variations d’oxygène et de salinité, ce qui me permet de vivre dans les estuaires ou dans des vasières qui n’ont pas d’eau de mer tous les jours. Je mange de tout : mollusques, vers annelés, crustacés, faune fixée, algues. Comme beaucoup de crustacés, je suis nécrophage, c’est à dire que je mange des cadavres, mais de préférence frais ! On me surveille près des parcs à huîtres car je peux faire des gros dégâts sur les bébés huîtres. Je me reproduis comme les autres crabes mais je suis malin car quand une femelle me plaît, je la coince sous moi en attendant qu’elle mue. En échange, je reste collé et la protège après la mue, le temps qu’elle se refasse une carapace dure. Comme la plupart des crustacés, la femelle garde les œufs sous son abdomen jusqu’à l’éclosion des zoés. Après métamorphose, les minuscules crabes de quelques millimètres tombent sur le fond et deviendront – attention aux prédateurs – adultes.

Ma pêche
On peut m’attraper à la main car je circule beaucoup dans l’eau ou sur les rochers. Il suffit de me coincer sous le pied et de me saisir des deux côtés de ma carapace, derrière les pinces. Je vais essayer de t’intimider en les dressant bien hautes et bien écartées. Même si on m’appelle le crabe enragé à cause de ce comportement de défense, je ne suis pas bien dangereux. Tu peux m’attraper à l’épuisette sous les algues ou entre les rochers. A la balance, j’adore le poisson mort frais et les boyaux de poulet.
Heureusement pour moi, on dit que je ne suis pas bon à manger, sauf pour faire des sauces ou des soupes. Je suis très bon avec de la mayonnaise, mais chut …

L’étrille

L’étrille est assez facile à attraper et très appréciée pour sa chair. Elle pince fort!

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Necora puber ou Polybius puber. Je suis un crabe, donc tu connais mes caractéristiques générales. Je suis de couleur grise, voire vert foncé au rouge brique. Ma carapace est en forme de trapèze et est recouverte d’un duvet fin d’où mon autre nom de crabe à laine. J’ai le bord frontal de la carapace dentelé. Mes yeux sont rouges. Mes pinces sont bleutées et je les brandis dès qu’on m’embête. Je trouve que j’ai de très jolies pattes parcourues de lignes bleu sombre. Je fais partie d’une famille de crabes dont la dernière paire de pattes est aplatie. Cela fait de moi une bonne nageuse et d’autres cousines s’en servent pour s’enfouir dans le sable. Je mesure de 7 à 15 cm de large . Comme tous les crabes, je dois muer pour grandir.

Que fais-je ?
Je vis sur les fonds rocheux et sableux ou cachée sous les pierres ou les algues. Je mange des petits poissons, des vers, des étoiles de mer, des espèces de limaces à cornes qu’on appelle lièvre de mer. Comme beaucoup de crabes, je vis plutôt la nuit et je suis nécrophage. Je nage facilement. Je me reproduis comme les autres crabes et je garde mes œufs sous moi. Ne me garde pas si je suis grainée : pense à toutes ces petites zoés qui auraient pu éclore et qui font finir à la casserole.

Ma pêche
Je me cache sous les pierres (fais attention à bien les remettre en place) ou dans les trous des rochers (tu auras besoin d’un crochet pour me faire sortir !). Je ne vais pas me laisser faire et je pince fort, mais tu sais attraper les crabes derrière la carapace, n’est-ce pas. Tu peux m’attraper à l’épuisette ou à la balance, surtout si tu m’as attirée avec une tête de poisson.
On dit que ma chair est très fine. Il faut me plonger dans l’eau bouillante ou un court-bouillon et me laisser cuire 5-6 minutes Les enfants et beaucoup d’adultes trouvent que c’est beaucoup de travail d’extraire la chair de mes fines pinces et pattes et de mon corps. Certains m’utilisent pour faire une soupe et retirent ma carapace et mes pinces avant de me passer au moulin ou de m’écraser au rouleau à pâtisserie puis me broyer.

Le tourteau

Pêcher un tourteau est une des plus belles prises que l’on peut faire au moment des grandes marées. Attention aux pinces !

Qui suis-je ?
Mon nom latin est Cancer pagurus. Je suis le plus gros crabe de nos côtes. La couleur de ma carapace va du brun orangé au brun rouge. De l’autre côté, je suis blanc jaunâtre. Le bord de ma carapace ressemble à une tourte passée au four, d’où mon nom. Mes yeux sont verts. Mes pinces sont grosses et puissantes avec des doigts noirs, les autres pattes sont petites et poilues. Ma carapace est deux fois plus large que longue.Les jeunes adultes mesurent de 15 cm à 20 cm de large, et si je ne suis pas pêché, jusqu’à 30 cm. Comme tous les crabes, je dois muer pour grandir. Je ne mange pas pendant la mue, mais certains essayent de me manger !

Que fais-je ?
Je vis dans les failles et les anfractuosités des fonds rocheux depuis la surface jusqu’à cent mètres de profondeur. Je vis la nuit et je mange des cadavres. Je mange les coquillages et crustacés qui ne bougent pas trop : leur coquille ne résiste pas à mes grosses pinces. Je me reproduis comme les autres crabes et je garde mes œufs sous moi. Je me cache soigneusement quand je suis grainée ; plus je suis âgée et grosse, plus je peux porter d’œufs. Des millions de zoés vont être lâchées dans la mer, très peu atteindront le stade de jeunes crabes ! Comme d’autres grands crustacés, je peux me déplacer beaucoup. Si je perds une pince ou une patte, elle peut repousser mais ça prendra du temps. Je peux perdre une patte volontairement pour pouvoir m’enfuir.

Ma pêche
Les pêcheurs professionnels me pêchent beaucoup, soit avec des casiers ou avec des chaluts au fond (pas une si bonne idée : cela endommage les fonds et la vie qui s’y trouve). Tu peux me voir dans des viviers. D’ailleurs, on me vend vivant. Si je suis pris dans un filet à sole, les pêcheurs m’arrachent les pinces et me rejettent à l’eau. Aux grandes marées, tu peux me trouver dans les trous des rochers et me faire sortir avec un crochet. Si je ne mesure pas au moins 15 cm, je suis un enfant qui n’a pas pu se reproduire, faut-il vraiment me pêcher ?
Le mieux est d’aller me chercher chez le poissonnier, me plonger dans l’eau bouillante ou un court-bouillon et me laisser cuire 15 minutes. Les paresseux ne mangent que les grosses pinces. Les gourmands feront l’effort d’extraire la chair de mon corps et de mes pattes. Dans la carapace des femelles, on trouve souvent des parties rouges, ce sont des futurs œufs. Tout le monde n’aime pas !